La rentrée 2024 s’annonçait, voilà quelques mois encore, comme potentiellement fatale pour les salariés de Radio France.
Si les élections n’ont pas, loin de là, levé toutes les incertitudes, elles auront au moins le mérite d’éloigner le risque d’une fusion ou d’un démantèlement de l’audiovisuel public.
En revanche, à France Bleu, tous les indicateurs sont au rouge. Sans jamais tenir compte des avertissements des élus et des personnels sur l’état catastrophique des équipes, la direction lance à marche forcée des réformes disparates et incohérentes.
“Les doutes ne sont pas près d’être levés...”
Le rapprochement avec France 3, les injonctions contradictoires pour les PARLs, les suppressions de postes en technique ou encore les transformations du métier de chargé.e d’accueil... Tous ces sujets s’imposent sans concertation ni justification.
Le plan com a du plomb dans l’aile. L’été aura permis d’observer la guerre des cheffes sans pitié que se livrent Delphine Ernotte et Sibyle Veil au sujet du rapprochement FB / F3. Le changement d’identité ne sera repoussé que de 2 mois, comme le site commun, mais le malaise est profond. Les doutes ne sont pas près d’être levés sur la pertinence et la faisabilité du projet, mais la direction n’en a cure. Le dogme avant tout.
“... un travail abêtissant, stressant, ultra-répétitif...”
Mêmes doutes de la part des animateurs du réseau. Les pitoyables vidéos du Youtubeur Yann Chouquet n’auront pas levé, bien au contraire, le sentiment de mépris qu’ils ressentent. Enième changement de cap à France Bleu, avec toujours le même mode opératoire : table rase du passé, certitude absolue de détenir la vérité, menaces contre les récalcitrants. Le chef brandit le risque d’un « démantèlement » pour faire taire les critiques. Mesure emblématique (et virage à 180°) : le rétablissement du local dans les après-midis en faux direct et en automatique. Résultat : un travail abêtissant, stressant, ultra-répétitif qui vire à la corvée pour les animateurs qui ont hérité de cette tâche ingrate. Pour les autres, attention de bien respecter les consignes car les débriefs se feront désormais sous la férule de l’IA : synthèse des micros par écrit pour souligner les répétitions, erreurs et maladresses de langage. Pour rétablir la confiance entre les cadres avec les collaborateurs, on a connu mieux.
On attend maintenant de la direction une réponse aux revendications de revalorisation de la prime d’image des PARLs, mais pour cela, il faudrait un dialogue social à la hauteur.
“... diminution des effectifs techniques en faveur du numérique.”
Les techniciens, quant à eux, attendent toujours qu’on leur tienne un langage de vérité. Manifestement, ils ne méritent pas cet égard, puisque le grand manitou, Farid Chibani, garde le secret sur la partie essentielle de son plan sobrement intitulé « Travaux sur les ressources techniques en lien avec la nouvelle stratégie éditoriale France Bleu ». En effet, ne figure aucunement la principale mesure de ce projet : la diminution des effectifs techniques en faveur du numérique. Comme les élus l’avaient prédit, chaque poste libéré (nomination, retraite, mutation etc.) peut faire l’objet d’une suppression pure et simple « puisqu’une radio fonctionne très bien à 5 techniciens », dixit la direction. Forcément, l’objectif de création de 45 postes dans le numérique est à moyen constant. Et pour redonner « du sens » au métier, Farid Chibani met en avant une nouvelle compétence, la vidéo, mais oublie de parler des pertes sèches : réduction drastique des prises de son et des extérieurs. Le cœur de métier s’éloigne dangereusement de l’audio. La charge quotidienne de Thor/Athos, aussi rébarbative et répétitive que pour les PARLs, ne peut que renforcer un sentiment de déconsidération déjà bien installé.
“... il faudrait être bien optimiste pour espérer une issue favorable.”
Douche froide aussi pour les chargé.e.s d’accueil. Lors des négociations sur leur métier, la direction a soigneusement entretenu l’espoir de voir enfin reconnue leur polyvalence. Pour faire accepter de nouvelles tâches dans le numérique, la promesse d’une revalorisation salariale a suscité une attente légitime. Las, les négociations ont été interrompues de nombreux mois. Une nouvelle date, le 24 septembre, est apparue au calendrier social mais il faudrait être bien optimiste pour espérer une issue favorable. Là encore, l’impression de compter bien peu domine durablement pour une population féminine, précaire et mal rémunérée.
Juste un mot sur le naufrage des Ateliers de Création, désormais dédiés à la mise en œuvre de podcasts choisis par la direction du numérique exclusivement. Un enterrement de première classe que subissent les ex-responsables, en grande souffrance.
Les motifs d’inquiétudes sont pléthoriques, et nous ne pouvons pas compter sur une Directrice cumularde qui s’éloigne encore plus du quotidien des personnels de France Bleu. Faudra-t-il un mouvement social massif pour faire entendre les préoccupations des Bleus ? La date symbolique du lancement de la marque commune approche, nous avons le temps d’y réfléchir.
Comme nous vous l’annoncions dans la newsletter de mai, le contrat qui lie Radio France à Audiens pour la couverture santé et prévoyance obligatoire des salarié.e.s arrive à échéance à la fin de cette année.
Malgré la hausse du PMSS (Plafond Mensuel de la Sécurité Sociale) depuis deux ans, la hausse des frais de gestion et le déficit de la Prévoyance, les Organisations Syndicales se sont entendues avec la direction sur le contenu de l’appel d’offre qui a été lancée à la fin du printemps :
- Maintien du budget alloué à cette protection par RF
- Maintien de la quote-part : 60% à la charge de RF et 40% supportés par le/la salarié.e
- Maintien des garanties actuelles, considérées par les experts comme « haut de gamme »
- Pas de hausse de cotisation… enfin presque !
C’est effectivement sur ce point que les choses vont changer pour une partie des salarié.e.s
A la demande de la direction et sur les conseils de SPAC Actuaires (société de conseil qui accompagne RF sur ce dossier), les conjoints à charge (percevant une rémunération annuelle inférieure à 1 PMSS) continueront de bénéficier de la couverture famille. Les autres, devront s’acquitter personnellement de leur cotisation s’ils veulent continuer de bénéficier de cette mutuelle, mais sans l’aide de la part employeur.
Ils pourront opter pour l’une des deux options :
- en mutuelle unique ou principale (1er rang),
- en seconde mutuelle s’ils bénéficient d’une autre mutuelle par ailleurs (2ème rang comme « surcomplémentaire »).
Autre changement : à la demande des Organisation Syndicales, la structure de calcul de la cotisation est modifiée : 70% est liée au PMSS, les 30% restant sont liés à la rémunération de chaque salarié-e. Ce nouveau calcul qui inclut plus de justice sociale, va entrainer logiquement une baisse de cotisation (isolée et familiale avec conjoint à charge) pour les plus bas salaires et une hausse pour les salaires plus élevés et qui concernerait les salaires dépassant 4.500 euros bruts mensuels.
Sur la prévoyance, rien n’est encore totalement fixé.
La garantie sur l’invalidité/arrêt de travail reste inchangée.
Pour la garantie décès, deux régimes sont présentés dans l’appel d’offre :
- un régime avec des garanties moindres qu’actuellement à 2 options : Capital seul ou Capital réduit + Rente éducation, qui maintiendrait la cotisation ou la ferait baisser
- un régime avec les garanties actuelles à 3 options : Capital seul ou Capital réduit + Rente éducation ou Capital réduit + Rentes de conjoint (viagère et temporaire), qui augmenterait la cotisation
A cela s’ajoutent différents nouveaux services qui devraient se mettre en place en fonction du candidat retenu par l’appel d’offre, notamment sur l’accompagnement des salarié.e.s
Nous vous tiendrons informés du résultat de l’appel d’offre, le choix du prestataire étant prévu fin septembre, et la signature des avenants aux accords collectifs actant ce prestataire fin octobre.
Le 30 avril dernier s’est ouverte la première séance de négociation sur les contrats frais de santé et prévoyance obligatoires. Les contrats actuels, signés avec Audiens en 2019, s’achèvent le 31 décembre 2024.
Un nouvel appel d’offres à venir.
Le bilan du régime actuel montre des déficits importants, tant sur la santé que sur la prévoyance. Lors de sa négociation en 2019, les tarifs avaient été négociés sur une base très favorable du fait de la constitution d’un fond de réserve issu d‘une sur-cotisation des adhérents sur le contrat précédent. Il avait été décidé d’utiliser ce fond sur les 5 années de contrat avec Audiens, permettant des cotisations inférieures de 23% à ce qu’elles auraient dû être. Cette réserve a été largement consommée et sera presque épuisée en décembre prochain. Les frais de gestion (6%) ne correspondent plus à la réalité d’aujourd’hui, les assureurs appliquant classiquement des frais de l’ordre de 10%.
Ajoutons à cela une augmentation conséquente du PMSS (Plafond Mensuel de la Sécurité Sociale) depuis deux ans (+6,9% en 2023, +5,4% en 2024), qui sert de base de calcul pour les cotisations santé, et tous les ingrédients sont réunis pour une très forte augmentation des cotisations lors du prochain marché.
Rachida Dati va-t-elle réaliser le rêve fou du Président Macron : mettre aux ordres l’audiovisuel public ?
Le calendrier dément de la ministre de la Culture impose une réforme au triple galop : examen à l’Assemblée Nationale du projet de loi de réforme de l’audiovisuel public les 23 & 24 mai, création de la holding « France Médias » le 1er janvier 2025, puis fusion le 1er janvier 2026. Le tout sous la menace d’un financement incertain.
Et pendant ce temps, c’est la guerre du zèle entre Sibyle Veil et Delphine Ernotte, à celle qui donnera le plus de gages de loyauté aux injonctions gouvernementales. Le projet stratégique de notre Présidente impose des réorganisations désastreuses de nos modes de productions et une scission annoncée de France Bleu, alors que la RH multiplie les licenciements pour faire régner la peur dans les couloirs. Enfin, la Présidence entame la démolition de l’image, de l’esprit et du contenu de France Inter : valse des producteurs, suppressions des émissions emblématiques, attaque sur l’éditorial…
Lire la suite : 23 et 24 mai : Radio France massivement en grève
Les uns après les autres, la direction dégomme les avantages acquis !
En 2017, la direction négociait un Compte Epargne Temps pour permettre aux salarié.e.s de stocker des jours de congés qu’ils-elles ne “pouvaient” pas prendre ou qu’ils-elles souhaitaient mettre de côté.
Ce CET pouvant permettre des projets aussi variés que prendre quelques congés supplémentaires pour profiter d’un long voyage, de financer quelques travaux dans la maison ou encore d’envisager de partir un peu plus tôt à la retraite.
En soit, l’idée du CET – en tant que dispositif à la main des salarié.e.s pour épargner des vacances - pourrait sembler intéressante, mais elle est aussi un piège. Piège dans lequel les directions de chaines sont très facilement tombées en incitant ses employé.e.s à utiliser massivement le CET au prétexte de : “Tu ne peux pas partir maintenant parce que c’est bientôt (cochez la réponse de votre choix : les jeux olympiques, les municipales, le couronnement de Charles, le gros festival de musique de la région, le Tour de France, la fête de la marmotte, etc.)”
GUILLAUME MEURICE :
LA LIBERTÉ D’EXPRESSION, UNE FAUTE GRAVE À RADIO FRANCE ?
Après l’absurdité d’un avertissement donné à un chroniqueur de France Inter suite à un emballement médiatique soigneusement orchestré par la bande à Bolloré, la direction de Radio France franchit un pas de plus dans la censure bien-pensante en menaçant d’évincement l’un des principaux symboles de la liberté d’expression sur la première radio de France.
Lire la suite : COMMUNIQUE DE PRESSE La liberté d'expression
Depuis quelques années, nous entendons tout et n’importe quoi, sur le devenir de Radio France, le petit poucet, face au mastodonte France Télévision. Holding, fusion, absorption, disparition, la surenchère s’accélère de jour en jour.
Certains guettent les déclarations publiques des présidentes, des ministres, des députés, sénateurs concernant cette idée, un peu loufoque, de rapprochement de ces établissements publics sous une même bannière.
Essayons de faire le point sur ce maelstrom d’infos qui nous parviennent, depuis l’arrivée de Rachida. « N’ayez pas peur » -sic- Dati au ministère de la Culture.
Les protagonistes sont donc : Rachida Dati, notre Ministre à nous, Delphine Ernotte, Présidente de France TV, Céline Pigalle, Directrice de France Bleu et Sibyle Veil, notre Présidente.
Lire la suite : Audiovisuel public : une fusion, non merci !
La pseudo « négociation » sur les salaires tenue en début d’année illustre parfaitement la situation actuelle à Radio France. Non seulement la Direction est arrivée avec une enveloppe vide (on a l’habitude) malgré un contexte inflationniste persistant, mais en plus elle installe un chantage absolument insupportable (et inédit).
- « Mesdames, Messieurs, soyez responsables : pour permettre un geste (on pourra décrire ce geste plus précisément ultérieurement) en faveur des bas salaires, il va falloir amputer les CSC & CPS. Pas d’inquiétude, seulement de la moitié. Oh, remarquez, on pourrait aussi les supprimer totalement si vous préférez. Voilà, signez ici… »
La période actuelle est très trouble, pour ne pas dire tendue.
Avec la trajectoire budgétaire annoncée par la Ministre, nous tentons tous d'y lire les signes positifs, de confiance, d'encouragement dans nos missions.
Pourtant, les salariés sont extrêmement inquiets. Car la clé, c'est bien le projet d'entreprise sur les prochaines années. Clairement les salariés pensent que ce projet se prépare sans eux et contre eux.
Lire la suite : Déclaration SUD Radio France en ouverture du CSE Central – mercredi 25 octobre
Après 4 réunions de négociation sur le métier de chargées d’accueil du réseau France Bleu, le sujet avance… doucement… et pas dans le bon sens !
A peine entamée il y a des années et rangée au placard par la direction, cette négociation afin de réviser cet emploi réapparait à la faveur de la présentation de la stratégie numérique à France Bleu, qui s’appuie en partie sur les chargées d’accueil.
SUD y a vu l’opportunité de faire avancer un chantier colossal tant les attentes sont grandes, notamment suite aux évolutions du métier et des tâches remplies par les CA, dont certaines n’ont absolument rien à voir avec ce pour quoi elles ont été recrutées.
Lire la suite : Négociation Chargées d’accueil : une déception à la hauteur des attentes
Élections professionnelles : le scrutin du 2nd tour est ouvert.
Vous pouvez voter jusqu’au lundi 10 juillet 2023 à 14h30.
Pour voter en 3 clics : c'est ICI
Mis en route à l’automne 2020, l’accord emploi RF 2022 qui se voulait être un « nouveau départ pour Radio France » s’est avéré à terme un fiasco total !
Le but affiché était de réorganiser l’entreprise tout en maintenant les activités radiophoniques et musicales, en développant les activités et les productions numériques, en préservant les conditions de travail, en luttant contre les Risques Psycho Sociaux et en réduisant la précarité.
La direction s’était engagée sur les recrutements, sur le développement des parcours professionnels et de la formation et sur la transmission des savoirs.
Il fut une époque pas si lointaine où, sous couvert de bienveillance, toutes les dérives étaient possibles à Radio France : conflit d’intérêt, sexisme ordinaire, harcèlement, voire agression sexuelle étaient largement couverts par une direction négligente ou complice. Nous savons malheureusement aujourd’hui que des bourreaux ont sévit très longuement, le plus souvent protégés par leur position hiérarchique, leurs relations ou leur statut de “star de la radio”, la direction n’entendait alors que rarement la parole des victimes.
Lire la suite : Processus disciplinaire : des sanctions au bazooka
Ce jeudi 21 avril, au cours d’un CSE Central extraordinaire, la Présidente a présenté un grand projet d’évolution de France Bleu dont l’intitulé fait frissonner : « renforcer le local avec l’appui du territoire et renforcer sa présence sur le numérique ».
Lire la suite : Projet stratégique France Bleu : loin de rassurer les salariés
Lundi 27 mars aura lieu une audience devant le Tribunal Judiciaire pour entendre les arguments des 5 Organisations Syndicales Représentatives contestant le périmètre des CSE que la direction veut imposer. D’un côté FO qui demande un CSE unique, de l’autre CFDT, CGT, SNJ et SUD qui réclament des CSE au plus près des stations locales. En face, la Direction de Radio France veut imposer un CSE France Bleu (tiens, tiens, comme France TV, étonnant, non ?) et un CSE autre (tout le reste, même les salariés en région qui travaillent pour d’autres chaines ou directions).
Lire la suite : Elections professionnelles : la direction dans le déni
A l’instar de l’ensemble des salarié-es de la maison, le préjudice salarial fait aux musiciens est devenu insoutenable. Et ce n’est pas la mesure salariale obtenue lors de la NAO (Négociation Annuelle Obligatoire), avec une date d’effet à partir de cette année, qui va enrayer la dégringolade des revenus et résoudre la perte d’attractivité des formations musicales observée depuis plusieurs années. Dans le cas d’un jeune musicien qui réussit à intégrer aujourd’hui Radio France, il percevra l’équivalent d’un mois de salaire en moins sur une année de revenus par rapport à 2017 (en prenant l’inflation en compte). Les musiciens ont un système salarial qui leur est propre, basé sur l’ancienneté, mais qui ne permet aucune autre évolution de la rémunération, fixant strictement toute perspective salariale (là où les CSC et CPS constituent pour les PTA, journalistes et PARLs un cadre d’échange supplémentaires sur les évolutions salariales individuelles).
Sibyle Veil a été reconduite pour un second mandat à la tête de Radio France.
Dès le 2 janvier, SUD Radio France écrivait au DRH au sujet du calendrier social à définir :
« Madame Veil ayant vu son mandat à la présidence de Radio France renouvelé, nous vous interrogeons sur les conséquences de son projet. De nombreuses propositions attirent notre attention, comme par exemple :
- la mutualisation de la fabrication du "temps 1" de l'information
- la révision des modalités d'intégration des jeunes journalistes
Lire la suite : Nouveau mandat de Sibyle Veil – Un projet préoccupant
Les élections professionnelles devaient avoir lieu cet hiver, afin de renouveler l’ensemble des élu-es et représentant-es des salarié-es (CSE, CSSCT, RdP).
Les négociations liées à l’organisation de ces élections ont démarré juste avant l’été 2022.
Tout de suite, la volonté de la Direction a été claire : porter une nouvelle attaque sur les instances en réduisant drastiquement le nombre d’élus, en s’attaquant notamment très durement aux régions.
Lire la suite : Elections professionnelles à Radio France – Le bras de fer est engagé