Qu’il est difficile de présenter les enjeux pour Radio France dans cette fin d’année !
Nous nous apprêtions à évoquer la lutte contre le projet gouvernemental de Holding pour l’audiovisuel public avec le dépôt d’un préavis de grève et les nombreuses auditions des représentants des organisations syndicales de nos entreprises par les députés et les commissions de l’assemblée nationale. Oui, mais voilà : l’adoption de la motion de censure du gouvernement a envoyé valser ce projet. Ou du moins le renvoie à un avenir tout aussi incertain que la situation politique actuelle.
Ce qu’on sait à cette heure :
- Ce projet peut revenir (et ne nous leurrons pas, il reviendra), mais il devra à nouveau être inscrit et porté ou approuvé par le prochain gouvernement. Ce n'est pas un report au sens automatique du terme.
- Il n'y a aucune menace sur la dotation par l'Etat. A partir de janvier et jusqu'à l'adoption d'un projet de loi de finance, nous toucherons une dotation sur la base du PLF (projet de loi de finance) présenté en octobre.
Ce qu’on ne sait pas :
- Quel sera notre budget pour 2025 alors que 2024 a vu une remise en cause de la dotation publique en cours d’année ?
- Que devient le COM (contrat d’objectif et de moyen) rejeté par les parlementaires ?
- Quelle sera notre trajectoire pluriannuelle ? Le prochain gouvernement reprendra-t-il à son compte le projet de loi sur la gouvernance de l'Audiovisuel Public ou non ?
Dans ce contexte d’incertitude, la stratégie de la présidence de prioriser le budget consacré au changement de marque France Bleu vers ICI interroge fortement toute l’entreprise dans un cadre budgétaire très contraint que la Présidente elle-même qualifie de « sacrificiel ». Pourquoi imposer par la force cette perte d’identité contestée par les personnels ? Pourquoi refuser au CSE une Information / consultation imposée par le code du travail dans le cadre d’une réorganisation majeure ?
Pour que notre réseau de proximité perdure, il faut préserver son identité, ses métiers et ses moyens. C’est bien cela que défendaient les grévistes le 20 novembre. C’est bien cela que nous continuerons à défendre à l’avenir. Pas de quoi mal digérer la dinde, le plus gros danger, celui de la disparition pure et simple de Radio France, s’est éloigné à court terme. Pour autant, l’instabilité politique fait peser sur notre entreprise de nombreuses incertitudes qui la fragilisent et malheureusement notre direction ne nous protège pas suffisamment des tentatives de déstabilisation de nos ennemis.