La pseudo « négociation » sur les salaires tenue en début d’année illustre parfaitement la situation actuelle à Radio France. Non seulement la Direction est arrivée avec une enveloppe vide (on a l’habitude) malgré un contexte inflationniste persistant, mais en plus elle installe un chantage absolument insupportable (et inédit).  

  • « Mesdames, Messieurs, soyez responsables : pour permettre un geste (on pourra décrire ce geste plus précisément ultérieurement) en faveur des bas salaires, il va falloir amputer les CSC & CPS. Pas d’inquiétude, seulement de la moitié. Oh, remarquez, on pourrait aussi les supprimer totalement si vous préférez. Voilà, signez ici… » 

SUD, vent debout contre cette provocation, manifeste sa réprobation et s’attend à la même virulence autour de la table. Surprise : la réaction des OS est… modérée. La plupart commencent à discuter des détails. La réunion se poursuit dans une certaine confusion : les provocations du directeur du « développement social » (terme utilisé car celui de dialogue social était impropre depuis longtemps) s’ajoutant aux approximations sur le chiffrage du fameux geste. 

Là encore, fait totalement inédit, la direction a dégainé un PV de désaccord sans avoir soumis de proposition de texte à signer. Elle a considéré que notre opposition affichée en séance valait une non-signature. Absurde ! Encore plus fort, ce PV étant truffé d’erreurs, une V2 est arrivée rapidement, qui a été mis à la signature (ne riez pas). Mettons fin au suspens, SUD n’a pas signé un texte qui indique qu’un précédent texte n’a pas été signé. Nous attendons impatiemment le prochain PV de désaccord portant sur le PV de désaccord ! 

Passons les détails des différents épisodes intermédiaires, il faut juste savoir que la direction a fait preuve d’un amateurisme confondant dans le calcul de l’impact sur l’enveloppe CSC/CPS. Plusieurs versions ont circulé, jusqu’à l’ouverture des séances. Là, on apprend que l’enveloppe globale est réduite d’un tiers. En revanche, les mesures au choix (au libre arbitre de la direction hors de toute discussion) sont à peine touchées. Pour les PTA nous aurons donc 244 mesures (chiffre étrange, comme si une mesure pour un.e chargé.e.s d’accueil valait une mesure pour un.e chef.fe de service) dont seulement 49 discutées avec les syndicats, les autres étant actées à l’ouverture par la direction. L’enveloppe journalistes est elle aussi réduite d’un tiers, comme pour les PARL pour lesquelles seront attribuées 37 mesures au total (même pas une par locale). Des miettes ! 

Pour conclure sur le fameux geste en faveur des bas salaires, il s’accompagne d’un autre geste pour l’ensemble qu’il serait trop vulgaire de décrire mais qui se forme avec le doigt central. 

Ne nous trompons pas, nous soutenons la priorité donnée aux bas salaires, mais il faut pour cela une enveloppe spécifique et non sacrifier les progressions salariales de tous. 

Au constat de l’absence de politique salariale à Radio France s’ajoute désormais une volonté de démolir le NAC tout en déstabilisant les mécanismes d’accompagnement des carrières. Et pendant ce temps, l’inflation poursuit sa courbe… 

 

*l’amour des acronymes n’empêche pas de les définir. NAO = Négociation Annuelle Obligatoire (sur les salaires). CSC = Commission de Suivi de Carrières. Elles ont succédé aux CPS car la direction déteste le paritarisme qu’elle assimile à un gros mot !