A l’instar de l’ensemble des salarié-es de la maison, le préjudice salarial fait aux musiciens est devenu insoutenable. Et ce n’est pas la mesure salariale obtenue lors de la NAO (Négociation Annuelle Obligatoire), avec une date d’effet à partir de cette année, qui va enrayer la dégringolade des revenus et résoudre la perte d’attractivité des formations musicales observée depuis plusieurs années. Dans le cas d’un jeune musicien qui réussit à intégrer aujourd’hui Radio France, il percevra l’équivalent d’un mois de salaire en moins sur une année de revenus par rapport à 2017 (en prenant l’inflation en compte). Les musiciens ont un système salarial qui leur est propre, basé sur l’ancienneté, mais qui ne permet aucune autre évolution de la rémunération, fixant strictement toute perspective salariale (là où les CSC et CPS constituent pour les PTA, journalistes et PARLs un cadre d’échange supplémentaires sur les évolutions salariales individuelles).

Les récents concours de recrutements ont clairement démontré la difficulté à inciter la venue de musiciens en poste dans de nombreux orchestres, y compris régionaux, un des viviers de candidats potentiels jusqu’alors. Les raisons sont, notamment, liées au coût de la vie en région parisienne.

A cela s’ajoute désormais :

  • L’insuffisance du projet artistique de la Direction de la Musique et de la Création, ses errements, ses impasses, ses promesses intenables, la politique de « coups » sans lendemain, la mise en place de projets improbables de nature à mettre en péril la qualité artistique des productions.
  • Son management technocratique qui met de nombreux salariés en souffrance.
  • La dégradation spectaculaire des conditions de travail avec ses conséquences importantes sur la santé.

Tout cela au nom de la légitimation de l’existence des formations. Si l’enjeu est de taille alors que le financement de l’audiovisuel public reste à définir, ce n’est pas avec ce projet que nous pourrons nous défendre en cas d’attaque de nos tutelles.

L’absence d’audace et d’imagination de la Direction de la Musique, son affaiblissement au sein de la maison peuvent être mesuré à l’aune des très nombreux postes supprimés ces dernières années.

L’inexistence de synergies et de projets véritables et anticipés avec les chaînes est probablement le symptôme le plus aigu de ce qui ne tourne pas rond dans une maison "de radio et de la musique" avec pour conséquence la quasi-négation du cœur de métier des formations musicales de Radio France.

L’indigence du projet stratégique, notamment sur le numérique, pour les formations permanentes en atteste également :

  • Aucune visibilité sur les sites internet de Radio France,
  • Aucune valorisation des archives qui constituent un patrimoine musical prodigieux,
  • Aucun projet stratégique digne de ce nom de développement des productions pour le web, ni pour le jeune public.

Les quelques actions auprès du public, auprès des jeunes et des plus éloignés des salles de concert, restent embryonnaires au regard des enjeux. Cela constitue pourtant l’une des clefs de l’activité. L’autosatisfaction permanente de la direction sur les recettes de billetterie ou les taux de remplissage, traduit un déni de la réalité ainsi qu’un défaut d’expertise et de réelle prise de conscience des exigences liées à une grande institution culturelle.

La vision technocratique et étriquée d’aujourd’hui doit laisser la place à un projet artistique et musical ambitieux.

Le lourd préjudice fait aux orchestres et au Chœur de la maison, l’est davantage encore pour les missions de service public de Radio France.