PRÉAVIS DE GRÈVE POUR LA DÉFENSE DE LA LIBERTÉ D'EXPRESSION
Radio France subit une campagne de dénigrement et de calomnie orchestrée par des partis politiques, organisations ou personnalités franchement hostiles au service public de la radio, alors qu’un projet de réforme de l’audiovisuel public va être discuté prochainement à l’Assemblée Nationale.
C’est à ce moment précis que la Direction de Radio France, loin de défendre les intérêts vitaux de l’entreprise, mène une politique de casse sociale sur les antennes en bouleversant les grilles et en sacrifiant des émissions emblématiques.
En particulier sur France Inter, dont la marque de fabrique est l’insolence et la liberté de ton depuis la fin de l’ORTF, des menaces pèsent sur des émissions populaires et singulières, que seul le service public peut produire.
Dans quel but ?
Pour répondre aux injonctions des puissances publiques, de groupes privés ?
Dans une société de plus en plus clivée, où l’hystérie remplace le débat public, la pluralité et l’humour doivent garder une place centrale sur l’ensemble de nos antennes.
C’est pourquoi, les organisations syndicales CGT, CFDT, FO, SNJ, SUD et UNSA appellent l’ensemble des salariés de Radio France à cesser le travail le 12 mai 2024 entre 0h00 et minuit et demandent à la Direction de Radio France :
La défense des personnels contre toute forme de pression et de dénigrement extérieurs
- le respect par l’employeur de son obligation de protection et de sécurité de ses salariés
- la résorption de la précarité sur les antennes
- la fin de la répression de l'insolence et de l’humour
- la préservation de l’identité et de la singularité de ses chaînes
- la réaffirmation sans limite de la liberté d'expression sur nos antennes
Paris, le 6 mai 2024
Rachida Dati va-t-elle réaliser le rêve fou du Président Macron : mettre aux ordres l’audiovisuel public ?
Le calendrier dément de la ministre de la Culture impose une réforme au triple galop : examen à l’Assemblée Nationale du projet de loi de réforme de l’audiovisuel public les 23 & 24 mai, création de la holding « France Médias » le 1er janvier 2025, puis fusion le 1er janvier 2026. Le tout sous la menace d’un financement incertain.
Et pendant ce temps, c’est la guerre du zèle entre Sibyle Veil et Delphine Ernotte, à celle qui donnera le plus de gages de loyauté aux injonctions gouvernementales. Le projet stratégique de notre Présidente impose des réorganisations désastreuses de nos modes de productions et une scission annoncée de France Bleu, alors que la RH multiplie les licenciements pour faire régner la peur dans les couloirs. Enfin, la Présidence entame la démolition de l’image, de l’esprit et du contenu de France Inter : valse des producteurs, suppressions des émissions emblématiques, attaque sur l’éditorial… Le comble de l’ignominie est atteint en choisissant la voie disciplinaire pour abattre le droit de se moquer, signature historique de la première radio de France. Toucher la liberté d’expression, c’est offrir au gouvernement un blanc-seing pour une vente à la découpe de la radio publique tout en réalisant les rêves les plus fous du secteur privé. Les excellents chiffres d’audiences de nos chaines constituent un frein à la destruction du secteur, qu’à cela ne tienne, on s’en occupe.
Face au démantèlement de l’audiovisuel public qu’annonce la fusion sous la forme d’un anachronique retour à l’ORTF, les personnels de Radio France doivent manifester une opposition ferme et spectaculaire.
SUD Radio France appelle à une grève massive les 23 & 24 mai, jours de la présentation du texte de réforme à l’Assemblée Nationale. Contre la holding, contre la fusion, contre les atteintes à la liberté d’expression, contre l’ingérence gouvernementale…
Les parlementaires doivent entendre la colère et l’opposition des salariés de Radio France jusqu’au Palais Bourbon.
GUILLAUME MEURICE :
LA LIBERTÉ D’EXPRESSION, UNE FAUTE GRAVE À RADIO FRANCE ?
Après l’absurdité d’un avertissement donné à un chroniqueur de France Inter suite à un emballement médiatique soigneusement orchestré par la bande à Bolloré, la direction de Radio France franchit un pas de plus dans la censure bien-pensante en menaçant d’évincement l’un des principaux symboles de la liberté d’expression sur la première radio de France.
Par quel stratagème nos responsables parviendront-ils à justifier leur sentence mortifère ? Pour masquer la volonté évidente d’anesthésier la critique, ils tentent de renverser les valeurs en désignant l’humour comme détonateur des haines. Nul doute que le but caché est de débarrasser France Inter de l’étiquette trop gauchissante dont l’émission de Charline Vanhoenacker est accablée. Il faut dire que face au mur réactionnaire de nombreux médias privés, le pluralisme du service public apparaît comme une oasis de divergences qu’il convient d’éradiquer au napalm.
Le commentaire politique n’est pas la fonction de SUD Radio France, en revanche, la lutte contre les atteintes à la liberté d’expression et contre toute velléité autoritaire de la direction est essentielle à la démocratie sociale. Non seulement, le procès en cours dans l’entreprise fait à l’un de nos adhérents, candidat aux élections professionnelles est inique, mais ces menaces sur le droit de se moquer, de critiquer, bref de s’attaquer aux puissants sont extraordinairement dangereuses pour l’image et l’âme de Radio France.
Loin de calmer le jeu en sacrifiant un « pion » - CDD-U par ailleurs, la direction ne fait qu'encourager ceux qui souhaitent la mort du service public de l’audiovisuel.
En offrant la tête de Guillaume Meurice (et celle du « Grand Dimanche Soir » ?) au gouvernement, Sibyle Veil fragilise durablement notre entreprise juste avant un débat parlementaire déterminant pour son avenir.
SUD Radio France soutient Guillaume Meurice et demande à la direction de renoncer à toute procédure disciplinaire à son encontre. Elle doit assurer à l’émission de Charline Vanhoenacker le soutien indispensable à la réalisation de sa mission : faire rire sans limite.
Le 3 mai : Journée mondiale de la Liberté de la Presse
Paris, le 3 mai 2024
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